Au commencement était le verbe, le son... le Big Bang ! C’est dire l’importance de la dimension sonore dans notre vie. Les effets des fréquences sonores sont effectivement loin d’être anodins…
D’après les aborigènes d’Australie, l’homme primordial, un géant, aurait créé les étoiles en soufflant en direction du ciel avec un tronc creusé par les termites. Les insectes, expulsés avec un son bourdonnant, percèrent la voûte céleste en créant les étoiles [et par la même occasion le premier didgeridoo !]. Chez les égyptiens, le dieu thot créa le monde en poussant un grand cri. En occident, nous avons des mythes [Orphée, Hermès…] qui soulignent le rôle joué par la musique dans l’histoire de l’humanité. Dans l’Ancien Testament, Jericho est détruit par le bruit des trompettes. trompettes qui retentissent également à certains passages- clefs de l’Apocalypse. L’utilisation de la musique dans des cérémonies ou à des fins curatives existe dans toutes les sociétés. Les Anciens la considéraient même comme une science sacrée. En occident, ce n’est que durant la 1ère Guerre mondiale, que la musicothérapie fît son apparition... pour soulager les soldats blessés ! Thérapie par les sons
En musicothérapie, les sons et les rythmes deviennent des «instruments» pour développer la créativité, prendre contact avec l’intériorité, se détendre ou soigner divers problèmes de santé. Compte tenu de son effet positif sur le système nerveux central, la musique aide à réduire le stress et à relaxer. En tant qu’outil d’épanouissement personnel, elle permet de stimuler l’imagination, d’accroître le dynamisme et de développer les capacités cognitives [attention, mémoire], psychomotrices [agilité, coordination, mobilité] et socio-affectives. Qui plus est, pour bénéficier de la musicothérapie, on n’a besoin d’aucune connaissance musicale ! Selon la personnalité, les affections et les objectifs des individus, le musicothérapeute peut se servir de deux approches : - la musicothérapie «active» où la personne est invitée à générer elle-même différents types de sons ou de mélodies, ce qui favorise évidemment l’expression et la confiance en soi. Cette approche privilégie des techniques d’intervention comme le chant, l’improvisation instrumentale ou gestuelle, la composition de chansons et l’exécution de mouvements rythmiques au son de la musique ; - en mode «réceptif», l’écoute de la musique peut stimuler l’énergie créative et aider à développer la concentration et la mémoire. La musique peut aussi faire surgir des émotions, parfois oubliées ou profondément enfouies. En musicothérapie «réceptive», la musique ou les sons peuvent être directement joués autour de la personne et peuvent s’apparenter à un véritable massage-sonore. Ce «direct-live» possède des atouts irremplaçables, car les enregistrements actuels ne sont pas capables de reproduire la totalité des harmoniques, c’est-à-dire la composante exacte du timbre de la voix ou des instruments. La musique peut également être enregistrée, ce qui permet l’accès à une grande variété d’univers sonores, sans que le thérapeute n’ait besoin de multiples compétences instrumentales. Certains enregistrements, inspirés ou retravaillés en studio, proposent des musiques aux fréquences spécifiques adaptées à la détente ou propices à l’intériorisation. De plus, l’auto-thérapie-parles- sons devient possible à domicile... Adoucir les moeurs
Bien qu’au début de son histoire, la musicothérapie ait été réservée exclusivement au domaine de la psychothérapie, ses visées thérapeutiques se sont depuis beaucoup élargies. Parce qu’elle atteint les gens «au coeur d’eux-mêmes», la musique est particulièrement efficace pour aider à sortir de leur isolement les personnes ayant des difficultés à communiquer. Chez l’enfant autiste par exemple, on a constaté que les stimuli sonores diminuent l’anxiété face à la réalité extérieure, qu’ils améliorent le comportement socio-affectif et procurent une meilleure confiance en soi. De plus, à cause de son effet physiologique, il est prouvé qu’une musique relaxante peut diminuer la douleur et l’anxiété en abaissant le taux de cortisol [une hormone associée au stress] et en libérant des endorphines qui ont des propriétés à la fois calmantes, analgésiques et euphorisantes. Le chercheur japonais Masaru Emoto a d’ailleurs démontré, avec ses célèbres photographies de cristaux d’eau, que la musique avait une action directe sur l’eau et donc sur nos cellules et les micro-particules d’eau en suspension dans l’air ambiant. Le son est donc porteur d’une informationénergie qui peut structurer ou déstructurer son environnement et les êtres vivants. Do, le do il a bon dos…
Une démarche en musicothérapie commence habituellement par une évaluation afin de déterminer si l’approche répond aux besoins et objectifs de l’individu et, évidemment, s’il est réceptif à la musique. Le thérapeute invitera, par exemple, le participant à choisir un instrument, à improviser avec lui, à chanter, à taper du pied et des mains ou à émettre des sons insolites. Il ne s’agit pas de faire des prouesses musicales, mais plutôt d’exprimer librement ce que l’on ressent. Par la suite, le thérapeute fixe des buts à court terme, à partir de l’objectif général de traitement et planifie des activités musicales, «actives» ou «réceptives », adaptées aux besoins et aux capacités de l’individu. Comme la pratique n’est actuellement pas protégée, n’importe qui peut s’afficher «musicothérapeute». Pour assurer l’intégrité de la profession, des associations ont établi des normes de pratique et de formation. Pour vous assurer de la compétence d’un praticien, vérifiez qu’il a bien suivi une formation professionnelle et demandez des références. Par ailleurs, certaines associations proposent d’excellents ateliers d’introduction : une occasion concrète de découvrir les effets et la magie des sons et de la musique ! Olivier Desurmont
Source : www.agendaplus.be Références : Campbell Don, «L’effet Mozart», Le Jour Editeur - Bence Léon, Mereaux Max, «Guide pratique de musicothérapie», Éditions Dangles - Perret Daniel, «Les effets subtils de la musique», Le Souffle d’Or.
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