Soutenons-nous mutuellement...
- Laurent De Vecchi

- il y a 11 heures
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Se soutenir mutuellement, c’est se rappeler que la traversée de ce que l'on choisit et de ce qui nous est imposé est collective, et que la lumière circule encore, même dans la nuit — mais jamais au prix de l’effacement de soi...
La traversée est collective parce que nul ne se construit hors du lien. Nous avançons portés, parfois retenus, souvent révélés par la présence des autres. Dans les périodes difficiles, cette réalité devient visible : chacun est un point d’appui possible pour l’ensemble, si l'on met suffisamment son égo de côté. Le soutien mutuel n’est pas une fusion, mais une co-présence consciente, où les forces circulent sans se confondre. La véritable fusion, elle, se passe ailleurs et avec l'Esprit pur en Soi.
La lumière qui circule dans la nuit n’est pas une lumière uniforme. Elle prend la couleur, la forme et l’intensité de chaque être. Même affaiblie, elle ne disparaît pas ; elle se transmet, se reflète, se relaye. Quand l’un vacille, un autre éclaire un instant le chemin. Puis les rôles s’inversent. Ainsi se tisse la continuité... et l'humanité.
Mais cette dynamique n’est juste que si la place personnelle de chacun est respectée. Soutenir ne signifie pas porter l’autre à sa place, ni s’oublier pour maintenir l’ensemble. Chacun demeure responsable de sa propre verticalité, de son axe intérieur. C’est là qu’intervient l’importance de l’individualisation en Esprit.
S’individualiser en Esprit, ce n’est pas se séparer, c’est s’enraciner pleinement dans sa singularité profonde tout en restant relié, n'étant plus identifié à la conscience de masse. Plus un être est aligné avec ce qu’il est, plus son soutien devient juste, non intrusif, non sacrificiel, mais dans un amour-respect-volonté d'égal à égal. Il offre sa présence depuis un espace intérieur stable et serein, et non depuis la peur de perdre le lien ou ses biens.
Dans une traversée collective consciente, chacun est à la fois cheminant et balise. L’unité ne se fait pas par uniformité conventionnelle, mais par résonance. Les différences ne fragilisent pas l’ensemble ; elles en sont la structure vivante, une force puissante, même.
Ainsi, se soutenir mutuellement, c’est marcher ensemble sans se dissoudre, c’est honorer la nuit sans nier la lumière, et reconnaître que l’Esprit circule d’autant mieux qu’il trouve en chacun un espace clair, incarné et libre.
Laurent De Vecchi




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